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« Hommage à Abdou N’Dakur Kacc Ndao : La mémoire d’un visionnaire »
Le décès d’Abdou N’Dakur Kacc Ndao, survenu subitement le 6 septembre 2024, laisse un vide immense dans le paysage intellectuel sénégalais. Ethnologue et anthropologue de renom, il a consacré sa vie à l’étude des cultures traditionnelles, notamment celle des Diolas. Son engagement pour le patrimoine culturel et la réconciliation des cultures dominantes avec les croyances traditionnelles a marqué les esprits. Au-delà de sa carrière académique, il était aussi un acteur engagé, s’intéressant aux enjeux sociaux et politiques de son pays. La richesse de ses recherches, notamment sur la dynamique des sociétés diolas, met en lumière la diversité et le syncrétisme culturel qui caractérisent cette région. Sa pensée et ses réflexions, toujours profondes et éclairantes, continuent d’inspirer et d’éveiller les consciences. Abdou N’Ndakur Kacc Ndao demeure une figure emblématique dont l’héritage se perpétue à travers ses écrits et ses contributions.
Le décès d’Abdou NDukur Kacc NDAO, survenu le 6 septembre 2024, a laissé une empreinte profonde dans le cœur des Sénégalais et des passionnés de culture et d’anthropologie. En tant que grand ethnologue et anthropologue, NDAO a consacré sa vie à la compréhension et à la valorisation des cultures traditionnelles, particulièrement celle des Diolas. Son engagement passionné dans l’étude des dynamiques sociales et religieuses de son pays en faisait un acteur incontournable dans le processus de réconciliation et de valorisation du patrimoine culturel. Cet hommage vise à célébrer sa mémoire en revenant sur son parcours, ses réflexions et l’impact indélébile qu’il a eu sur la société sénégalaise.
Un parcours académique exceptionnel
Né le 10 janvier, Abdou NDukur Kacc NDAO se distingue par une carrière académique riche et variée. Sa formation en ethnologie et en anthropologie l’a amené à travailler au sein d’institutions prestigieuses telles que l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN), le PNUD et l’UNESCO. En tant que chercheur, il a exploré des thématiques complexes, allant de la gestion des ressources au sein des communautés Diola à la réconciliation des cultures dominantes avec les croyances traditionnelles.
Le milieu universitaire a vu en lui un enseignant inspirant, capable de transmettre des savoirs tout en stimulant la réflexion critique chez ses étudiants. En collaboration avec des photographes comme Maktar N’DOUR, il a enrichi ses cours par des illustrations concrètes de la culture Diola, offrant ainsi un enseignement vivant et pertinent.
Un engagement pour les cultures traditionnelles
Abdou NDAO a été un fervent défenseur de la culture Diola, un peuple dont il a longuement étudié les traditions et les structures sociales. Son approche anthropologique visait à analyser les rites, les valeurs et les mécanismes de survie des Diolas, tout en mettant en lumière leur savoir-faire unique dans la gestion de l’environnement. Ses recherches ont porté sur les dynamiques de changement au sein de ces sociétés riveraines des rizières, ainsi que sur les, rapports avec les voisins comme les Sérères ou les Peuls.
Il a souvent souligné l’importance de préserver ces cultures face aux menaces modernes. Dans une de ses interventions, il a déclaré : «Toutes les cultures sont menacées par les logiques tentaculaires de nos modernités.» Cette citation résonne comme un avertissement sur la nécessité de réfléchir à notre héritage culturel, en prenant conscience des implications de la mondialisation.
Un visionnaire engagé dans le débat sociopolitique
En plus de son investissement dans la recherche, NDAO a également été un acteur engagé dans le débat politique et social sénégalais. Initialement membre du PIT, il a rejoint l’UDR, un parti dirigé par Djibo KA. Cet engagement l’a amené à s’exprimer sur des questions sociopolitiques contemporaines, notamment sur la crise politique qui opposait le président Macky SALL à Ousmane SONKO en 2023. Ses écrits, publiés dans des médias tels que DakarActu, soulignaient les enjeux de maturité politique du PASTEF tout en appelant à un recentrage nécessaire au sein du mouvement.
NDAO a plaidé pour l’importance de la crise comme moyen de réinvention politique, un raisonnement qui témoigne de sa compréhension profonde des dynamiques sociohistorique du Sénégal. Pour lui, une bonne partie de la vitalité d’un mouvement politique repose sur sa capacité à se remettre en question et à redéfinir ses priorités.
La réconciliation entre traditions et modernité
Une des préoccupations majeures d’Abdou NDAO était d’étudier comment les religions traditionnelles, notamment chez les Diolas, pouvaient coexister harmonieusement avec d’autres croyances, telles que l’Islam et le Christianisme. Ce syncrétisme religieux était pour lui un reflet de la complexité de l’identité sénégalaise. Il défendait l’idée que «nous sommes tous enchâssés dans des religions syncrétiques.» En d’autres termes, il soulignait que la diversité des croyances contribue à enrichir la culture et l’histoire collective du pays.
Dans un contexte où les cultures traditionnelles sont constamment sous pression, ses travaux visaient à trouver des voies de réconciliation entre les différentes pratiques religieuses. Celles-ci, tout en maintenant leur essence, peuvent interagir et s’enrichir mutuellement.
Analyse des dynamiques sociales et des préjugés contemporains
Durant ses études, NDAO a souvent mis en lumière les préjugés auxquels étaient confrontés les Diolas en raison du conflit prolongé en Casamance. Ces stéréotypes négatifs, qui les qualifiaient parfois de violents ou de rebelles, ne correspondaient en rien à la réalité pacifique de ce peuple, attaché à ses valeurs traditionnelles. En affirmant que «le peuple Diola est pacifique et condamne la violence, le crime de sang.», il cherchait à rectifier ces perceptions erronées et à rétablir la dignité de cette communauté.
À travers ses publications et interventions, il a toujours essayé de rétablir la vérité sur la riche histoire et les traditions de ce peuple, appelant à un changement de regard sur la réalité sociopolitique de la Casamance.
L’engagement pour le patrimoine culturel
La défense du patrimoine culturel était au cœur des préoccupations d’Abdou NDAO. Il a toujours œuvré en faveur du rapatriement des objets culturels et de la protection des pratiques traditionnelles. Pour lui, ces objets ne représentent pas seulement une valeur historique, mais constituent aussi les témoins de l’identité et de l’héritage des populations.
A travers ses recherches, il a pu dévoiler la richesse des rituels diolas, et leur rapport à la terre et à la nature. Ces pratiques, fondées sur le respect et l’harmonie avec l’environnement, se révélent essentielles non seulement pour la survie de la culture Diola, mais également pour la préservation de notre écosystème global.
Un héritage éclairé et durable
Les réflexions portées par NDAO transcendent le cadre académique. Elles touchent des problématiques essentielles qui méritent d’être discutées et intégrées dans les politiques publiques. La préservation des cultures, l’attention portée aux traditions religieuses, ainsi que la lutte contre les stéréotypes sont autant d’enjeux qui continuent d’être d’actualité dans le débat sénégalais.
Par ses publications, notamment From Tenda to Ajamat et diverses interviews dans des médias comme « Le Quotidien », NDAO nous laisse un héritage riche en enseignements. Sa voix continue de résonner dans les discours contemporains et suscite une réflexion sur notre rapport à la culture et à l’identité.
La dynamique des transformations sociales en Casamance
Abdou NDAO ne s’est pas limité à la seule analyse des cultures, mais a également examiné les transformations sociales en cours en Basse Casamance. Son exploration des dynamiques de changement a souvent dérivé vers des solutions pratiques pouvant favoriser la paix et la réconciliation au sein des communautés. Ce sont des thèmes qu’il a abordés avec délicatesse, plaçant l’humain au centre de ses réflexions sociopolitiques.
Il a proposé des modèles de réconciliation basés sur l’écoute, le dialogue et le respect mutuel, articulant ainsi un projet politique profondément enraciné dans la culture locale. Sa vision d’un avenir pacifié repose sur la reconnaissance des identités culturelles diverses qui composent la région.
Avis sur l’avenir des cultures traditionnelles
Il est indéniable que la vision d’Abdou NDAO sur l’avenir des cultures traditionnelles est empreint d’optimisme, mais aussi de responsabilités. En évoquant la nécessité de préserver et de renforcer ces cultures face aux défis modernes, il a apporté un message d’espoir tout en mettant en garde contre les dangers de l’uniformisation culturelle.
Dans ses écrits, il incitait les jeunes générations à s’approprier leur héritage culturel et à ne pas avoir honte de leurs origines. Pour lui, chaque culture est une base solide sur laquelle bâtir des ressources et des forces nouvelles, capables d’affronter les défis contemporains.
Un savant au service de la société
Pour Abdou NDAO, la recherche ne doit pas être un but en soi, mais un vecteur de transformation sociale. Ce raisonnement l’a conduit à s’impliquer dans divers projets communautaires en Casamance. Par ses actions, il a cherché à bâtir des ponts entre l’université et la société civile, renforçant ainsi l’idée que le savoir doit être partagé et accessible à tous.
En effet, son impact va au-delà du monde académique. NDAO a intégré ses recherches dans des programmes éducatifs, encourageant la création de synergies entre les chercheurs et les acteurs locaux. Cela lui permettait de rester connecté à la réalité de terrain tout en luttant pour une société plus inclusive et juste.
Une voix qui continuera de se faire entendre
Le legs d’Abdou NDukur Kacc NDAO se manifeste aujourd’hui, non seulement par ses écrits et ses recherches, mais aussi par les mouvements qu’il a inspirés. Ses enseignements continueront d’éclairer les nouvelles générations d’ethnologues, d’anthropologues et d’activistes culturels, appelés à défendre la diversité et l’héritage culturel.
Dans tous les témoignages qui affluent depuis son départ, se dessine un consensus sur l’importance de sa voix dans le domaine des sciences sociales. NDAO a su élever le discours sur le patrimoine culturel, que ce soit dans la sphère académique ou sociale, plongeant ses réflexions dans des enjeux contemporains.
Une mémoire collective à préserver
En rendant hommage à Abdou NDukur Kacc NDAO, il s’agit avant tout de préserver une mémoire collective vivante. Il nous rappelle que chaque culture mérite d’être célébrée pour sa richesse et sa diversité. Son travail aborde des questions cruciales liées à la sauvegarde du patrimoine et à l’unité des peuples.
Son inestimable contribution à la recherche et à la société démontre l’importance de respecter et d’apprécier les racines qui nous lient. Les discussions autour de son héritage doivent continuer, car elles nous engagent sur la voie du changement et de la prise de conscience.
Un rappel à la responsabilité partagée
La dernière leçon que nous peut nous transmettre Abdou NDAO est la nécessité d’une responsabilité collective envers nos cultures et notre patrimoine. Chacun de nous a un rôle à jouer dans la protection et la valorisation de cet héritage, en partageant et en transmettant notre savoir aux générations futures. Chaque geste compte.
En ce sens, il est essentiel de rester attentif à l’impact des transformations économiques et sociales sur nos cultures. Cela implique une vigilance constante, un engagement et une volonté collective d’œuvrer pour la réconciliation et l’inclusion de toutes les voix dans le dialogue culturel.
Rendre hommage à Abdou NDukur Kacc NDAO, c’est avant tout continuer de promouvoir ses valeurs d’intégrité, de respect et d’engagement envers la mémoire collective. Qu’il repose en paix, mais que ses idées et sa vision demeurent vivantes dans le cœur de chacun de nous.
Références bibliographiques
N’DAO (Abdou, Ndukur Kacc) N’DOUR (Matar), From Tenda to Ajamat, éditions Circulo Rojo, juin 2022, 150 pages ;
Horizon, «Abdou Ndukur Kacc Ndao, anthropologue : Toutes les cultures sont menacées», Le Quotidien, 15 novembre 2022 ;
N’DAO (Abdou, Ndukur Kacc), «Oser la crise», DakarActu, 27 mars 2023 ;
N’DAO (Abdou, Ndukur Kacc), «Interview», Ewou, journal d’investigation en ligne, 11 décembre 2021.
Paris, le 7 septembre 2024, par Amadou Bal BA

La disparition d’Abdou Ndukur Kacc Ndao laisse un vide immense dans le paysage intellectuel sénégalais. En tant qu’ethnologue et anthropologue engagé, il a su explorer les multiples facettes de la culture diola, façonnant ainsi la compréhension des traditions et des croyances qui l’entourent.
Nombreux sont ceux qui se souviennent de son engagement fervent en faveur du patrimoine culturel. « Il avait cette capacité unique à toucher les âmes, à faire résonner l’écho des ancêtres dans nos cœurs », témoigne un ancien élève. Abdou Ndao ne se contentait pas de documenter les cultures, il invitait chacun à plonger au cœur de leurs richesses et à en célébrer la diversité.
À travers ses écrits et conférences, Ndao soulevait des questions profondes sur le dialogue entre cultures. « Il nous a appris que la compréhension passe par l’écoute et le respect », partage une collègue. Son approche novatrice, qui alliait savoir académique et sensibilité culturelle, permettait de réconcilier des mondes souvent perçus comme opposés.
Les témoignages des amis et collègues sont unanimes : « C’était un homme de valeurs, un sage qui aimait l’Humanité. » Sa passion pour le partage des connaissances et sa volonté d’élever les voix marginalisées ont laissé une empreinte indélébile. « Il rêvait d’un avenir où les générations futures préserveraient les traditions tout en innovant, » se souvient un ami de longue date.
Abdou Ndao était également un fervent défenseur de la paix en Casamance. Son profond attachement à cette région, souvent mal comprise, était évident dans chaque action qu’il menait. « Il croyait fermement que la culture pouvait bâtir des ponts où les conflits avançaient des murs », souligne un activiste local.
Même après son décès, l’influence d’Abdou Ndao continue de se faire sentir. Les discussions sur la culture, l’identité et le développement durable trouvent encore leur inspiration dans ses travaux. « Nous sommes tous les héritiers de son héritage. Son esprit vivra tant que nous ferons vibrer nos cultures, » conclut un étudiant, le regard déterminé.